8:00.
après les songes profonds.
Tu te réveilles,
le cerveau en vrac, les pensées sont encore loin.
T’as les yeux à peine ouverts et le coeur qui bat à moitié.
Tu sais pas si t’es dans ton lit, ou bien dans l’herbe courte.
Le vent qui caresse ton visage, et toi machinalement tu repousses les mèches qui te gêne.
Comme une froide mécanique.
T’as le dos détruit et les oreilles qui sifflent.
T’as les poumons arrachés, dévastés, destructurés.
Où est la lune ?
Où est le soleil ?
Où est la foule ?
Tu te souviens pas, tu veux pas te souvenir.
Encore hier t’étais pas toi.
T’étais un autre.
T’es toujours un autre.
Un autre gars pour plaire, un autre gars pour vivre.
Parce que quand tu respires tu sens l’air toxique.
Alors tu t’engouffres, tu peines, tu regardes droit devant toi.
Et t’avances, t’avances juste.
Comme une froide mécanique.
Ellis tu dois bouger, tu dois t’ouvrir.
Parce que ça sonne.
T’es en retard,
toujours en retard sur ce monde qui s’excite,
qui parle, parle et parle encore.
Toi tu prends exemple tu imites,
parce que c’est ça être jeune.
Parce que c’est toi Ellis.
Parce que t’es comme une froide mécanique.
10:00.
le crâne qui dit des mots.
T’as les yeux sur l’écran mais rien qui t’inspire,
t’attends,
tu regardes les minutes qui défilent numériquement.
Le temps passe.
Tu cours après le temps,
tu veux qu’il avance,
vite.
Mais t’es toujours coincé au même endroit,
tous les jours.
T’écoutes pour écouter, mais la vérité c’est que tu retiens rien,
t’es ailleurs.
T’es toujours ailleurs on ne sait où dans tes pensées,
éloigné de ce monde toujours trop épuisant.
Les pupilles dans le vide, vitreuses,
comme si tu étais toujours sous acide,
dans un trip continuel,
c’est sans doute ce qui te donne autant l’allure d’un toxicomane
T’as envie de regarder par la droite,
t’as envie de le voir ce mec qui t’intrigue,
ce mec qui te tourmente.
T’as envie de le lorgner encore,
ce mec qui te fait envie.
Mais tu peux pas.
T’as pas le droit.
Parce que c’est mal,
parce que c’est pas naturel.
Alors tu regardes l’écran encore avec ton visage fin et tes yeux fatigués,
cette couleur dévoilant un air blasé.
T’es chétif, faible, dénué de toute force,
la peau sert tes os à certains endroits.
Tu n’es pas une créature de désir aux muscles saillants,
tu penches plus du côté des anorexiques maladifs.
Alors tu passes ta main dans tes cheveux tout en y pensant,
encore,
et tu te demandes comme chaque jour ;
qu’est-ce que je fous là ?17:00.
les fleurs qui sentent l'urine
T’es posé dans l’herbe sèche,
regardant le ciel avec ses belles nuances.
Les branches d’arbres se secouent frénétiquement,
comme pour laisser les feuilles faire l’amour entre elles.
Tu ne penses à rien,
à rien d’autre qu’au vide.
Il y a ces canettes,
ces déchets,
l’air polluée par la fumée d’une cigarette récemment éteinte.
T’aime cet endroit,
quelque peu éloigné,
à l'abri des êtres,
à l'abri de l’orage.
T’aime te poser,
te soucier de rien,
même pas du lendemain.
De ta main à tes lèvres tu laisses glisser ton joint,
espérant que cela puisse t’emmener encore plus loin.
La fumée encombres tes poumons,
les toxines parcourent ton être.
Et tu sens tes pensées s’enfuir,
pour ne plus pouvoir les rattraper.
3:50.
il ya un flash dans l'espace
Défoncé, écorché, débloqué,
tu sautes,
tu simules ces mouvements dansant.
La tête qui part dans tous les sens,
suivant la musique comme les Nazguls suivent l’anneau.
T’es enfermé dans cette pièce,
cette boîte qui sent la transpiration,
qui sent trop les gens.
Tu te colles à eux,
tu les bouscules dans ce sous-sol à moitié délabré.
Parfois t’en croises un,
le regard noir et haineux.
Parfois t’en croises une,
le regard rose et désireux.
Mais ce soir tu veux pas,
tu veux pas te fracasser le crâne avec un inconnu,
tu veux pas te retrouver dans les toilettes avec une inconnue.
Tu veux continuer de bouger et ne pas te poser.
T’es sous acide,
sous les pilules qui font rire et sourire,
t’es défoncé.
Mais t’aime ça,
te sentir hors de la réalité,
dans un monde qui n’est toujours pas le tien,
mais qui au moins n’est pas le leur.
Il y a les projecteurs qui te pourchassent,
les lumières qui s’acharnent.
Tu fermes les yeux,
les sons ne parviennent plus.
Tu ouvres les yeux.
Mais tout est flou.
Alors tu les fermes encore.
Et c’est fini.
8:00.
après les songes profonds.
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