Esther BauerMESSAGES : 169
| Sujet: regard noir, mémoire blanche Dim 28 Juin - 12:55 | |
| Je déboule dans l'appartement sans même frapper à la porte. Malo m'a donné le double de ses clefs, et j'en profite pour m'accorder tous les droits sur leur propriété privée. Au début, sa colocataire Hasret me regardait avec dédain lorsque j'arrivais dans l'appartement sans prévenir. Maintenant, elle ne fait plus attention. Elle sait à ma manière d'ouvrir énergiquement la porte que c'est moi qui arrive. Elle ne lève plus les yeux vers moi et continue son occupation en me saluant sans conviction. Cette fois-ci, je fais plus de bruit que d'habitude parce que la colère grossit dans mon ventre, et que je suis énervée. Ma main pèse sur la porte d'entrée que j'ouvre à la volée. Et je trouve un appartement vide et silencieux, inhabituel pour cet appartement toujours animé, entre les nombreuses visites et les sets privées de la turque. La porte d'entrée n'était pas verrouillée, je sais qu'il est là. Hasret travaille dans le kebab à cette heure ci. Et elle n’oublierait pas de fermer la porte à clé. Il est là, lové dans ses draps, à faire sa larve du vendredi. Je le sais, et ça a le don de m'énerver. Je jette mon sac sur le canapé du salon, et j'entends le son de l'épisode de série qu'il est en train de regarder. Il n'a pas bougé de son lit, je ne l'ai même pas entendu se retourner dans sa bêtise, se souvenir qu'il a oublié quelque chose. Parce qu'il oublie toujours pleins de choses, de toute façon. J'aimerai lui faire sentir mon agacement, ma déception de son comportement. Lui faire culpabiliser cette absence d'intérêt. Ce néant d'inquiétude, et d'encouragement. A l'aide de remarques, cassantes, de regards noirs, et d'une température de froid polaire. Aujourd'hui, tu n'auras de moi que le résultat de tout ce stress que j'ai accumulé toute la journée, et qu'il me faut défouler sur quelqu'un. Le premier qui me passera sous le nez. Pas de chance, Malo, t'es dans mon viseur. Fautif de m'avoir dédaigné, ignoré. J'ouvre la porte, qui me sépare de toi. Et constate les dégâts. - Tu réponds plus à tes messages ? |
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Malo KöckenbergerMESSAGES : 37
| Sujet: Re: regard noir, mémoire blanche Mer 1 Juil - 22:18 | |
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Tes heures sans sommeil s'accumulaient sur ton visage, des cernes creuses, le regard désabusé et les absences. Et pourtant, t'avais toujours le sourire, toujours partant, parce qu'après tout, pourquoi dire non à une bonne soirée, aux copains, à la bière et à la musique ? Tes potes te demandaient parfois quand est-ce que tu trouvais le temps pour voir Esther. Tu haussais les épaules. Une photo posté sur instagram de vous deux et tout repartait. Comme si de rien n'était. Comme si tout ça, vous deux, se résumait à des philtres. Parfait mais dénaturé.
T'avais pleins de choses de prévus à faire aujourd'hui, mais pas la foi pour. Face aux regards interrogateurs, exaspérés, tu répondras d'un simple « j'ai oublié, j'ai pas mal de taffe en ce moment », accompagné de ton regard d'enfant. Avachi dans ton lit, enroulé dans tes draps protecteurs, tu tissais ton cocon à l'aide d'une pizza surgelé et des épisodes d'American Dad, déjà vus. T'es triste à voir aujourd'hui Malo, comparé à hier soir, au pseudo roi de la fête que tu étais, le monde t'appartenait. Dans cette cave ardente, lieu de fête éphémère, les corps s'entremêlaient dans une chaleur étouffante. Tout trempé de ta connerie, t'oubliait Esther, elle était si loin de toi. Et puis elle arriva, comme une bourrasque, faisant virevolter quelques papiers aux claquements de porte. Les yeux noirs, orageux. Méduse. Et toi, avec ton cœur de pierre, t'avait encore tout oublié.
Tu sais très bien que le portable, c'est pas le meilleur moyen pour me joindre ... Tu finis pas t'animer face à la statue qui te fait face, tout chancelant, pour attraper ton portable perdu sous une montagne de vieux t-shirts puant le tabac froid et la bière. Esther bouge pas, elle n'a même pas son sourire de jeune fille parfaite. T'aimes pas quand elle fronce les sourcils de cette façon. Tu sais que c'est mauvais pour les personnes autour d'elle, et tu es seul. Victime toute désignée, ton cerveau se met à faire des équations pour te sortir de ce pétrin, mais t'as toujours préféré la géométrie dans l’espace plutôt que les calculs arithmétiques Je … merde. J'ai encore loupé un truc ? Fouillant tes souvenirs, tu cherches ce qui pourrait la mettre dans un tel énervement. C'était qu'un stupide oral de fin d'année ? Esther assure toujours, ça pouvait pas être ça. Tu lui souris, comme un gentil garçon. Avec ta dégaine de gamin, tu sais que ça passe toujours, même avec les pires flics.
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