we ravin'.
on est dans la rue, avec sven. finie, la soirée, c'est l'heure de rentrer. le soleil va bientôt se lever. quoi que. le soleil c'est moi. le soleil va bientôt se coucher. j'suis fatiguée, il est tard (tôt?). mais fatiguée, tout est relatif. suffisamment pour dormir pendant une bonne douzaine d'heures. mais suffisamment réveillée, encore, pour sauter partout, danser, chanter, et crier. suffisamment pour fatiguer sven.
suffisamment parce que je suis perchée.
je sais pas c'qu'on m'a donné. j'ai pas calculé, j'ai pas compté. on m'a tout offert, j'ai tout pris. c'est que les gens sont gentils, ici. j'aime les berlinois, parce qu'ils ont tous l'air de m'aimer.
j'aime berlin.
j'veux pas rentrer.
- où on va, sven? on va ailleurs? j'suis sûre qu'y a une autre soirée, on y va, dis? on va fêter, encore? on va pas se coucher, hein?
rassure-moi, sven, on va pas se coucher? j'veux pas dormir. j'veux plus. j'ai bien réfléchi, et c'est pas pour tout de suite.

ce soir-là sven t'es muette comme une carpe. ce soir-là pas d'coup d'gueule, pas d'prise de tête. pas de "arrête avec tes questions, ferme un peu ta gueule", non y a rien d'tout ça qui sort de ta bouche. tu préfères la laisser s'agiter, t'as l'air absente.
c'est bizarre sven, t'as pas décidé d'être méchante avec liesl. pourtant t'aurais bien un tas d'raisons de l'être parce que t'en as marre de pas pouvoir profiter d'une bête de soirée sans que l'autre aille courir à droite à gauche sans réfléchir.
mais t'y peux rien, c'est les pilules qui font ça.
- viens on va s'poser un peu.
tu sais qu'elle te suivra comme un p'tit toutou mais tu la prends par le bras, histoire d'avoir un peu d'emprise sur elle. tu l'emmènes loin des vieux clodos et leurs clébards, loin des cris et des odeurs de pisse.
c'est un fleuve, une rivière peut-être? tu t'en fous, t'es même pas foutue d'en connaître le nom sale gosse. c'est qu'de l'eau, à perte de vue, mais c'est beau quand on voit le soleil réveiller berlin encore endormie.
liesl elle va aimer, mais ça va surtout la calmer parce qu'elle aime bien les belles choses un peu insignifiantes.
ta planche à tes côtés tu t'assoies et tu sors des poches de ta veste de quoi rouler.
parce qu'avec un bédo, c'est encore plus beau.