Alva SerranoMESSAGES : 73
| Sujet: feelin' myself Sam 13 Juin - 3:43 | |
| ALVA 22 JAHRE ALT SERVEUSE - FEMME DE MÉNAGE Il fait gris. Il pleut comme souvent à Berlin. La chaleur étouffante, la poussière rouge ambiante, oubliée. Alva elle ne s'en rappelle plus; ni de ses racines ancestrales ni du goût de l'eau. Ce qu'elle sait, c'est qu'ici, elle est presque âpre et sans saveur, aussi bien l'eau que la vie. Elle aimerait pourtant; raconter des histoires qu'elle a vécu à Elie pour qu'il s'endorme. Mais elle a tout oublié.
Des corps qui s'étreignent sur un matelas usé. Parfois deux, parfois trois. Il a l'habitude, ce pauvre matelas. Il en a supporté des corps vous savez. Gros, fins, petits et élancés. Un véritable défilé. Le visiteur de la matinée se lève, les ressorts rouillés grincent. Puis un souvenir il laisse sur son passage, miné au fond du berceau de l'humanité. Neuf mois plus tard, le matelas ne supporte plus qu'un petit bébé. Le bébé pleure; il se sent bien trop seul dans ce grand lit creux. Mais maman est endormie, trop plongée dans ses songes embués de vapeurs alcoolisées. Puis Mamie finit par entendre le petit bébé. Mamie toque, cogne, frappe. Mais elle n'entend qu'Alva et la porte à beau trembler elle ne s'ouvre pas. Alors elle entre. Elle récupère le bébé, lui donne son biberon et lui murmure doucement que ça ira.
Mamie n'avait pas tort. Un jour, plus de ronflements. La maman n'est plus là. Elle est partie, elle a débarrassé le plancher en déposant Alva dans son berceau enroulée dans de vieux draps comme si c'était Moïse. Trop bourreée pour arribver à l'habiller. Un Danke écrit à la va-vite, sur un bout d'essuie-tout, grâce au rouge à lèvres bas de gamme dont elle se tartine la bouche chaque jour pour les attirer. Rien de plus.
Et puis un jour, des années écoulées, la maman indigne refait son apparition. Comme si rien n'avait changé. Comme un spam, Mamie a beau essayer de l'ignorer elle insiste, elle revient. Elle agace, elle énerve. Mamie vit toujours dans son quartier en banlieue, c'était tout ce qu'elle avait pu trouver depuis son arrivée de Belo Horizonte. Il y a cinq années. Comme beaucoup, elle croyait trouver la prospérité et le bonheur sur ces terres inconnues et si froides. Erreur, ces deux-là ne peuvent être côtoyés que dans nos rêves les plus fous. Ses quatre enfants ont grandi, puis ils sont tous partis. Dès qu'ils ont pu. Certains ont réussi, d'autres non, comme Silvia. Elle ne sait pas. Mamie, elle est seule. Et pourtant, elle s'occupe toujours de la petite Alva qui a un peu vieilli. Alva, elle a la dizaine, une broussaille de cheveux bruns durs à dompter. Elle a les yeux vairons de sa mère, mais son teint est étrange. Il est clair, comme une feuille blanche jaunissant au soleil. Elle n'est pas noire comme Mamie ni sa mère. Le gentil donateur a du jouer un rôle là-dedans. Alva joue avec les poupées chopées dans un vide-grenier du service catholique. Mamie y ramasse aussi des conserves tous les mois. Sa poupée préférée a les cheveux coupés à la lame, des trous sur la tête, des yeux et un visage gribouillé au marqueur noir virant au violet ainsi que les pieds pleins de traces de dents. Elle a vécu sa poupée, ça se voit. Mais c'est pas grave, parce que c'est sa poupée à elle. Alors Alva la fait marcher sur ses pieds mâchouillés, elle la fait parler pour se sentir moins seule.
Maman indigne fait son retour, envoyant tout valser sur son passage. Mais pour combien de temps ? Dans chaque main, elle tient déjà deux mains miniatures. Celles de deux bambins qui ne se ressemblent même pas. Puis la dame aux mêmes yeux qu'elle, elle a un gros ventre remarque Alva depuis derrière la porte de la cuisine. Parce que vous le savez bien : avorter c'est un péché. Comme si donner son corps pour quelques billets bleus ne l'était pas. La brésilienne au teint brun, exotique d'après ses clients les plus fidèles sait maintenant aligner des phrases correctes dans la langue de Goethe. Et ça, c'est grâce à Markus. Elle l'aime son Markus, elle en est dingue. Grâce à lui elle peut bosser en sécurité. Il lui fournit des hommes plein de vices dont elle doit réaliser tous les fantasmes, plus besoin d'aller les chercher. Oui, elle l'aime son Markus elle serait rien sans lui. Elle se contenterait de se dandiner tous les soirs dans les rues de Cologne qui puent le chien mouillé et la pisse sur ses talons hauts qui lui charcutent les orteils. Vêtue de son uniforme de travail qui semble être un bout de tissu infime en imitation cuir sous n'importe quelle température, elle en a attrapé des pneumonies ! Mais que voulez-vous, ce sont les aléas du métier. Elle s'abaisserait à hauteur des vitres des voitures familiales pour négocier dans un anglais saccadé le prix de sa passe. Toujours les mêmes mots qui reviennent. Seules les prestations changent. Puis d'ailleurs, sa foutue prestation elle la ferait dans son hall d'immeuble préféré du coin, derrière le local à poubelles. Outre les effluves d'ordures et de bouffe avariée, il sent bon l'eau de javel citronnée. C'est ce qu'elle retient quand le client passe ses mains dans ses cheveux crépus et tire dessus comme s'il s'accroche à des lianes en la pilonnant contre le mur froid. Mais tout ça c'est fini depuis plus d'un an. Maintenant, elle a un beau camion, en panne mais c'est pas le plus important, un appartement, qu'elle partage quelques fois avec les amis de son cher et tendre. Parfois elle partage aussi son lit avec eux, elle est du genre généreuse vous voyez. Ses deux fils s'entassent dans la petite pièce humide d'à côté dans un lit une place dont il manque quelques lattes. Ils s'endorment grâce à la douce berceuse des râles et du lit qui se fracasse contre le mur à chaque coup de reins qu'elle encaisse. Mais maintenant qu'elle est trop grosse avec ce ventre, les clients n'appellent plus, ils ne sont plus intéressés. Elle n'est plus flexible à souhait alors à quoi bon ? Même Markus l'a mise au chômage technique.
Des cris des pleurs, des déchirements. Alva regarde depuis derrière la vitre embuée de la sale carcasse de Markus Mamie qui pleure en lui disant au revoir. Elle aussi, elle a le visage inondé de larmes. Cette pute, elle la connaît même pas. Alva elle s'en fout de Berlin, elle peut la voir à la télé. Elle s'en fout de ces deux gosses qui braillent pour un oui ou pour un non. Elle s'en fout de ce connard qui va commencer à la reluquer quand elle commencera à avoir les seins qui poussent.
Puis, elle le rencontre. Raj. Ils s'amusent, ils passent des heures, des journées entières à se prélasser dans son canapé-lit de son logement étudiant. Ils font l'amour, fument des joints, rient. Ils ne se promettent rien excepté du plaisir. Et Alva commence à sécher les cours pour rester un peu plus longtemps à ses côtés. Elle ne révise plus. Elle préfère l'écouter scratcher. Et puis quand elle veut se remettre dans ses cours, elle n'a qu'une envie de rendre à la nature son dîner avalé en un quinze minutes il y a quelques heures. Vomir tout ce qui peut occuper l'intérieur de son corps. Elle n'y croit pas. Mais il est là. Et avorter, c'est un péché. Silvia et Markus, ils ne veulent pas en entendre parler. Ni du fœtus, ni d'Alva. Ils sont assez chargés avec leurs propres gamins. Qu'elle se démerde, disent-ils en lui claquant la porte un joli soir d'été. Au moins, Silvia n'a plus à bosser, elle touche suffisamment d'allocs.
Il fait gris. Il pleut comme souvent à Berlin. La chaleur étouffante, la poussière rouge ambiante, jamais connue. Alva, elle ne s'en rappelle pas, elle ne connaît pas. Elle ne connaît pas grand chose excepté ses cours de médecine. Ni ses racines ancestrales et encore moins le goût des glaces à l'eau vendues dans la favéla. Ce qu'elle sait, c'est que voir son fils sourire ça lui suffit. Alors elle ne raconte pas des histoires, mais elle lui chuchote avec mélodie une berceuse tous les soirs dans leur petit studio, la même que Mamie lui avait chanté pendant toute son enfance. Puis une fois qu'il songe, qu'il les yeux clos et qu'il est apaisé, elle appelle la nounou qui bouffe le quart de son salaire. Puis elle se faufile dans les rues berlinoises, se rapprochant toujours plus de la musique. Avant, c'était à la quête de sensations qu'elle suivait la musique. Aujourd'hui c'est pour l'argent. Elle chante la berceuse dans sa tête en servant des verres à ces jeunes qui sont son reflet d'autrefois. Elle la chante aussi quand elle passe l'aspirateur sur des moquettes plus vieilles qu'elle dans les bureaux. Elle est allergique aux acariens. Mais c'est pas grave. Elle doit en être immunisée aujourd'hui, sûrement. MC DALESTE - SAO PAOLO ZCALACEE - GALLERIE MICHAEL JACKSON - WANNA BE STARTING SOMETHIN'
Dernière édition par Alva Serrano le Mar 16 Juin - 15:41, édité 24 fois |
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Alva SerranoMESSAGES : 73
| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 5:38 | |
| Oh merci, c'est trop gentil. |
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Esther BauerMESSAGES : 169
| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 10:25 | |
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Dernière édition par Esther Bauer le Sam 13 Juin - 15:54, édité 1 fois |
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Alva SerranoMESSAGES : 73
| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 11:16 | |
| Oh merci, vraiment. Je ne connais pas ton avatar mais elle a un regard qui fait rêver elle aussi. |
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| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 12:23 | |
| superbe choix de pré-lien, d'avatar aussi bienvenue ici |
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Alva SerranoMESSAGES : 73
| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 12:51 | |
| Merci beaucoup, je suis fan de ton prénom et de ton avatar. (: |
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| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 17:10 | |
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| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 17:27 | |
| j'aime, j'adore (tout) puis merci pour les compliments sur le forum hihi bienvenue ici toi, hâte de lire la suite |
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Alva SerranoMESSAGES : 73
| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 17:57 | |
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Bartholomäus BergMESSAGES : 59
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| Sujet: Re: feelin' myself Sam 13 Juin - 22:10 | |
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Esther BauerMESSAGES : 169
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Alva SerranoMESSAGES : 73
| Sujet: Re: feelin' myself Dim 14 Juin - 2:32 | |
| bartholomäus je trouve aussi, merci beaucoup. sue saluuut, merci ! esther ah je l'ai saigné ce son pendant un moment du coup je m'en suis rappelée |
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Alva SerranoMESSAGES : 73
| Sujet: Re: feelin' myself Mar 16 Juin - 7:15 | |
| C'est bien vrai, magnifique ce pré-lien. Et aussi pour la créature me servant d'avatar. Merci beaucoup ! |
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| Sujet: Re: feelin' myself Mar 16 Juin - 10:22 | |
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Alva SerranoMESSAGES : 73
| Sujet: Re: feelin' myself Mar 16 Juin - 14:46 | |
| Wah j'ai la pression maintenant ahah Merci beaucoup en tout cas, je modifie ma fiche vite fait pour enlever les fautes au passage. |
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| Sujet: Re: feelin' myself | |
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