il est là depuis des minutes, des heures et peut-être des jours. félix a arrêté de compter le temps qui passe depuis qu'il sait qu'il deviendra adulte un jour ou l'autre, demain ou dans dix ans : peter pan s'est envolé et a emporté ses rêves avec lui.
sous la lumière des étoiles dorées, ses coups de bombe sur le mur repeignent des oeuvres déjà existantes, trop noires, trop dures. lui il préfère la couleur, alors il la sème un peu partout. bleu, jaune, vert par ici. c'est un arc-en-ciel de sentiments. félix est silencieux quand il peint. aucun bruit ne sort ne sa bouche, on croirait presque entendre le chuchotement du vent contre lui.

ça a fait l'effet d'un coup de poignard dans les entrailles. le silence qui se brise comme un objet qu'on casse. des pas qui se rapprochent et des murmures dessinés dans la brise fraîche, qui fait frissonner son corps tout entier. boum, boum. leurs pas sont lourds sur le bitume. ils sont plusieurs, trois, quatre, peut-être six. ce sont des géants, des monstres, ils pourraient presque le manger. l'un d'eux s'approche de lui, casquette vissée sur la tête, des balafres plein la gueule. usé, déchiré. il sent l'alcool. "hé, qu'est-ce que tu fous là toi? c'est notre mur, t'es sur notre territoire là. bouge de là morveux." félix tremble, de la racine des cheveux jusqu'à la pointe des pieds. il reste là sans rien faire, il le regarde droit dans les yeux. il se dit que c'est trop tard quand l'autre commence à sortir un truc de sa poche. dans ses plus grands cauchemars, félix se fait tuer par un révolver argenté.