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 l'homme et la femme. (ESTHER)

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Jimi Bauer
Jimi Bauer
MESSAGES : 10

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MessageSujet: l'homme et la femme. (ESTHER)   l'homme et la femme. (ESTHER) EmptySam 4 Juil - 1:28

    étouffé dans la grandeur. jimi prend place au milieu de la grandeur. il aime la grandeur. il aime s'y sentir petit. car c'est lorsqu'il se démarque de la grandeur qu'il se sent puissant. il aime s'y sentir. s'y sentir être. s'y sentir bouger. s'y sentir tout court. il gueule comme il peut au milieu de la grandeur du son qui noie toutes les paroles des vivants. il a l'impression que son cri est plus strident que les autres et il aime ça. une fille s'est retournée pour le regarder. elle a une gueule de gamine. des petites jambes, de petits pieds, de petits bras, de petits poignets, de petites mains, de petits seins. et ce regard intéressé. tu connais aussi ce regard, celui qui se réchauffe et se focalise, qui mûrit comme si une fleur prenait racine dans chacune des pupilles. sous son regard, jimi était homme. homme. homme.

    « klara. »
    « jimi. »

    la musique soude, unit, forge, dilate, dissout. le rythme est hypnose. où ? je sais pas. quand ? je sais pas. quoi ? je sais pas. qui ? je sais pas. pourquoi ? je sais pas. pourquoi elle est contre moi ? pourquoi elle me caresse ? pourquoi elle me prend comme ça ? je sais pas. je sais pas. je sais pas.quand on sait pas on se laisse aller, on fait confiance, on se laisse emporter. et elle m'emporte. Je sais pas trop comment elle me fait bouger, je sais pas trop ce qu'elle me fait faire, je sais pas trop ce qu'elle me met dans la bouche, je sais pas trop ce qu'elle me fait boire, je sais pas trop ce qu'elle me fait dire, je sais pas trop. rien à foutre, si c'est comme ça qu'on devient homme. alors je salue les vices et je crache sur les vertus. rien à foutre, si c'est comme ça qu'on devient homme.

    dehors il fait noir. dehors il fait abysses. c'est le manteau de jimi ce soir. ses pupilles se sont dilatées. le bleu des yeux de gabriel a disparu. disparu dans la grandeur, disparu dans le regard intéressé. disparu dans les « je sais pas. ». disparu dans les bras de klara, collés à un mur froid, contre les peaux chaudes. klara a allumé une clope. jimi a allumé une clope. il y a quelques braises qui viennent voler dans les cheveux bruns de klara. klara est brune. klara a les yeux verts. klara est jolie. klara est un objet aussi, dans les mains de jimi. klara est un bouclier, klara est un masque. klara est la femme qui permet à jimi d'être homme. avec klara, jimi est homme. avec esther, jimi est enfant.

    avec esther, jimi est jimi.
    merde.
[
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Esther Bauer
Esther Bauer
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MessageSujet: Re: l'homme et la femme. (ESTHER)   l'homme et la femme. (ESTHER) EmptySam 4 Juil - 13:20


cela fait quelques semaines, ou quelques mois, ou peut être depuis le début de sa vie, que cela dure. cela, on ne sait pas vraiment ce que c'est. ça n'a pas de nom. de visage. de réalité. c'est quelque chose qui pourrit dans la tête, que l'on ne souhaite pas nommer, de peur qu'il prenne une nouvelle consistance. qu'il ne soit plus invisible, mais bien présent. avec nous. dans nos cœurs. esther a un cancer d'un nouvel ordre dans son sein, une tumeur des sentiments. elle ne sait pas aimer correctement, selon les conventions. elle a de l'acide dans ses doigts, et brûle toutes les peaux qu'elle touche. a ses amants, elle ne laisse que des peaux rougies et des cloques. des trucs pas beaux, des trucs moches. elle ne sait pas dire « je t'aime », prononcer ces deux mots grossiers, qui restent au fond de l'estomac, avec l'acide citrique et les aliments en bouillie.  pourquoi ? peut être parce qu'on ne le lui a pas appris ? chez les bauer, ce ne sont pas des mots que l'on dit souvent, on les garde pour les grandes occasions, et encore, seulement lorsque l'un d'entre eux sera au bord du gouffre, un pied dans le vide, presque mort.

esther se perd dans les couleurs néons du club, quelque part entre le rouge, le bleu et le vert. elle s'est engouffrée dans la foule des gens en transe, qui dansent, les yeux fermés. les pensées  laissées à l'abandon, au détour d'un beat qui les a conduis dans l'espace du rien. esther aimerait bien que la musique la prenne par la main et l'amène dans cet endroit magique, dont les portes sont toujours fermées pour elle. chaque fois qu'elle tente d'y accéder, une main sur sa hanche, un coup dans son bras, un pied qui écrase le sien, la ramène à l'espace de la salle, à la réalité. lorsqu'elle ouvre les yeux, elle voit que tout ses amis avec lesquelles elle était venus à cette soirée ont disparus de la circulation. elle est tout seule, noyée au milieu de l'océan, n'ayant plus aucun rocher auquel s'accrocher. un garçon en face d'elle lui jette des regards en coin. elle y fait pas gaffe, mais comme ses regards deviennent insistants, elle décide de lui renvoyer ses regards. il s'approche, et se cale à son rythme. elle ne sait plus ce qu'elle fait. elle a attiré le requin, qui d'une seconde à l'autre la chopera entre ses dents. elle ne lui sourit pas, le laisse poser ses mains sur ses hanches. sa lucidité s'échappe petit à petit. et elle se laisse porter par les caresses du garçon, qui cherche parmi ses mèches de cheveux, sa bouche sucrée. elle le pousse, et se défait de son étreinte. éternelle indécise, elle ne sait pas ce qu'elle veut. elle a envie d'un rocher, mais pas de celui-ci. d'un autre. de qui. elle s'échappe parmi les corps flottants, loin de ce garçon, dont elle ne veut plus.

et dans la foule compact, elle voit le gosse, comme une bouée de sauvetage au milieu de l'océan. elle reste statique à le regarder, à l'observer, à admirer la beauté de cet homme qui n'est qu'un enfant à ses yeux. un enfant devenu homme. elle n'est même pas sure qu'il s'agît bien de lui, du petit frère, qui couche tous les soirs dans la chambre jouxtant la sienne, qu'elle croise le matin à la table du petit déjeuner et le soir à la table du dîner. elle n'est pas sure, parce que son visage est celui d'un homme, et qu'elle est persuadée que c'est un enfant. il a dix-sept ans, mais pour elle, il n'a que sept ans. ses traits tirés, son regard sauvage, la clope qu'il fume, et la fille qu'il tient par la hanche sont les attributs d'un homme. et pas ceux d'un enfant. pas ceux du petit frère qu'elle connaît.
elle s'approche de lui, et lui pose une main sur l'épaule. elle écarte un peu cette fille, qui ignore l'enfant caché sous le visage carré de jimi-homme.
- jimi, qu'est ce que tu fais là ?
elle crie par dessus la musique, par dessus le mensonge qu'elle crée de sa présence. elle ignorait que son frère traîne dans les mêmes endroits qu'elle et lola, fait qu'elle aurait du, par simple discernement, deviner si elle avait fait plus attention à ce frère, qu'elle oublie de regarder depuis deux ou trois ans. depuis qu'il est devenu homme, et qu'il a laissé derrière lui sa peau douce et sa voix claironnante.
- c'est ta copine ?
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l'homme et la femme. (ESTHER)

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