le soleil est couché.
le jardin est ouvert.
la musique brise le silence de la nuit. fait vibrer mes tympans à mille à l'heure. je peux sentir la musique dans tout mon corps, les vibrations traverser le sol et me rentrer par les pieds. j'peux les sentir remonter par mes veines et mes nerfs, traverser mes bras, atteindre mes sourcils, mes cheveux. j'peux sentir tout mon corps vibrer au rythme de l'électro. je sue à chacun de mes mouvements. mon chandail se colle à mon corps. je bouge, je saute, je me dandine. je sens mes pantalons sur le point de se déchirer. j'attends le moment que tout le monde puisse voir ma culotte rose.
mais j'm'en fiche.
moi j'veux juste danser.

Y'a des moments comme ça où j'ai l'impression de plus sentir mon corps. J'ai l'impression de partir, que la musique me porte, qu'elle me portera jusqu'à demain matin.
Demain matin j'me réveillerai sûrement à moitié par terre, dans un appart inconnu. Et j'en ai rien à faire. Parce que j'aime toute cette merde de vie. J'aime voir leurs corps bouger sur la musique. Bouger jusqu'à ne plus le sentir. Bouger jusqu'à ne plus me sentir passer mes mains dans leurs poches.
Ne plus sentir que j'suis en train de leur prendre leur conso pour la soirée.
Puis j'me barre, un sourire sur les lèvres.
J'fixe des cibles, j'en cherche d'autres. J'vois une fille. Elle, elle a déjà l'air de plus rien sentir, de plus rien espérer. J'm'approche. Et elle elle a juste l'air d'être une jolie fille de bonne famille.
J'suis derrière elle. J'essaie la poche de derrière mais son pantalon est trop serré. Il est à peine posé sur son corps, le dessine parfaitement.
Et moi, ma main se sent beaucoup trop sur ce pantalon sur le point de craquer.

danser danser jusqu'au bout de la nuit. jusqu'à ce que mes pieds saignent d'avoir trop bougé. jusqu'à ce que je ne sois plus capable de tenir debout, que la fatigue entraîne ma carcasse sur le sol.
j'imagine tout au ralenti. les bras montent dans les airs plus lentement qu'un escargot. j'entends la musique au ralenti. ça devient une ambiance. on dirait des chants d'ange. j'me croirais dans un rêve. les lumières colorées éclairent la piste de danse et lui donne des allures pastel. tout à coup, tout le monde est rouge. là vert. là bleu. c'est difficile pour mes yeux d'analyser tout ça. les couleurs se mélangent puis créer de nouvelles couleurs. j'pourrais leur donner des noms.

des mecs se collent à moi, mêlent leur sueur à ma sueur. y'en a qui s'approche trop de moi. y'en a qui me touche. j'en pousse un plus loin. il va voir ailleurs en cabotinant. je continue à me laisser aller. je peux en sentir un derrière moi. il ose s'aventurer et me touche une fesse. il laisse sa main longtemps, semble chercher quelque chose. ça me gêne, ça me met mal-à-l'aise, je me retourne. c'pas un mec. c'est une meuf. une joile meuf à la gueule bien carrée. j'la fixe et j'arrête de danser.

- alors, mon cul t'intéresse ? il faut demander avant de toucher, c'pas poli.